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L’IRAN, SA PRESQUE BOMBE ATOMIQUE ET SES IMPLICATIONS INTERNATIONALES

Dernière mise à jour : 17 janv. 2022


Janvier 2022.. L'enjeu des pourparlers en cours à Vienne est important à l'échelle du Moyen Orient, et peut-être celui de la planète. Si l'Iran arrive au seuil de l'arme nucléaire que se passera-t-il ? La question n'est pas anodine. Mais le sujet qui domine l'actualité internationale en ce moment est la crise avec la Russie soupçonnée de vouloir intervenir militairement en Ukraine. Les négociations de Vienne, semblent être un peu reléguées au second plan.

Questions avec ou sans réponse......

A Vienne, des négociations aux enjeux géopolitiques très importants.

Depuis le 29 novembre se déroulent à Vienne ce que l’on qualifie de « négociations de la dernière chance » portant sur le programme nucléaire Iranien. Face à l’Iran, la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Chine, la Russie et les Etats Unis. L’Iran ne voulant pas négocier directement avec ces derniers, les émissaires Américains suivent les négociations à partir d’un autre bâtiment et sont tenus informés par les délégations européennes.
Peu ou pas de progrès ont été obtenus à ce jour. Les négociations ont été interrompues deux fois, le 3 et le 17 décembre, plutôt à l’initiative des Iraniens. Elles ont repris le 27 du même mois.
L’enjeu de ces négociations, la nucléarisation militaire de l’Iran, est très important et comporte des risques considérables à l’échelle du Moyen Orient, voire de la planète.
Nous y reviendrons plus loin, mais à ce stade il n’est pas inutile de faire un retour en arrière.
De nombreux commentateurs le clament haut et fort : L’accord signé entre Barack Obama et l’Iran en 2015 était susceptible d’arrêter la progression de ce pays vers la bombe atomique. Il pouvait aussi favoriser les modérés en Iran ouvrant la voie à un rapprochement avec l’Occident. Pour les optimistes il représentait même un espoir de renversement du régime.
Voilà que Donald Trump a tout gâché en 2018 en dénonçant l’accord. Malgré leurs protestations, les Européens ont suivi, ne voulant pas s’opposer de front aux Etats Unis sur un tel problème d’importance internationale

Quelles ont été les raisons pour lesquelles Donald Trump a dénoncé l’accord ?

On peut en supposer quelques unes :

- Le soutien à Israël menacé régulièrement de destruction par l’Iran.

-La Solidarité des Etats Unis avec les pays sunnites alliés, en particulier ceux de la Péninsule Arabique qui se sentent menacés par l’Iran.

-Le développement en parallèle par l’Iran d’un système de missiles balistiques de longue portée pouvant ultérieurement être dotés de charges nucléaires.

-L’espoir que les difficultés économiques suscitées par les sanctions aboutissent à un changement de régime.

-Des informations provenant des inspecteurs de l’IAE, des Israéliens, et probablement de sources de renseignement américaines selon lesquelles l’Iran dissimulait l’état d’avancement de ses travaux et progressait malgré tout vers la bombe. L’Iran refusait notamment aux inspecteurs l’accès à des sites où des traces radioactives avaient été détectées.
-Le souhait de Donald Trump de s’opposer à un accord signé par Obama avec un pays considéré comme un ennemi irréductible depuis l’occupation de l’ambassade de États Unis à Téhéran en 1979, lors de la révolution khomeiniste. L'objectif étant de paraître ainsi plus combatif que son prédécesseur.


L’accord et les inspections empêchaient-ils vraiment l’Iran d’accéder à la bombe à plus ou moins brève échéance ?

Les inspecteurs de l’IAE avaient-ils toute la liberté de mouvement et tous les moyens nécessaires à leurs inspections avant l’interruption de l’accord ? On peut imaginer qu’un pays de 80 millions d’habitants d’une surface de 2 millions de kilomètres carrés, très fermé vis à vis de l’extérieur, soit difficile à contrôler. Rappelons-nous les difficultés rencontrées par les Américains et les Nations Unies dans leur recherche des « armes de destruction massives » en Irak. C’était pourtant un plus petit pays occupé par les troupes américaines, ce qui facilitait évidemment les choses. On pensera bien sûr qu’il était difficile de trouver des armes qui n’existaient pas.

Il faut certes être spécialiste du sujet pour répondre à la question de l’efficacité des inspecteurs de l’IAE en Iran. Mais on notera que ces derniers s’étaient plaints de ne pas avoir accès à tous les lieux.
On peut se demander si les États Unis de Trump n’ont pas mis fin au traité, en accord avec leurs alliés moyen orientaux, avant tout en considérant que l’accord ne pouvait empêcher les Iraniens d’avoir, in fine, accès à la bombe. (1)
Au fond, pensant que Téhéran finirait de toutes façons par avoir la bombe au bout de quelques années, ils auraient préféré l’option de l’affaiblissement économique du pays pour le réduire politiquement et militairement. L’arrêt de la bombe devenant alors soit impossible, soit un objectif secondaire. Il est vrai que si jamais un jour l’Iran possède la bombe il ne sera pas en mesure de s’en servir contre ses ennemis sous peine de représailles dévastatrices.

Mais cela le ferait peut-être changer de statut. Le régime pourrait être renforcé, et ses « ennemis » du Moyen Orient psychologiquement affaiblis pourraient chercher une nouvelle répartition des alliances.
Si l’Iran s’oppose violemment à Israël c’est aussi pour accroitre son influence dans le Monde Musulman. Avec la bombe il espère ainsi gagner en prestige auprès des populations chiites, mais aussi celles sunnites qui s’opposent aux politiques « pro-israéliennes » ou « pro-occidentales » de leurs gouvernements respectifs

(1) Etant donné les erreurs commises par les Etats Unis dans ces régions par le passé il n’est pas non plus interdit de penser que les conseillers de Donald Trump, comme ceux de Georges Bush auparavant, aient été à l’origine des décisions sans être vraiment en mesure d’en évaluer les conséquences. On prend parfois les dirigeants des Etats Unis pour des Machiavels jouant comme des marionnettistes avec les états du tiers monde faisant tomber les régimes, portant des dirigeants qui leurs sont favorables au pouvoir. Parfois aussi on estime qu’ils sont incapables de comprendre les autres pays dont ils méconnaissent les réalités et plus particulièrement celles du Monde Musulman. Il y a peut-être un peu des deux.

Quelles ont été les conséquences de la dénonciation de l’accord en 2018 par Donald Trump ? En d’autres termes dans quelle mesure les difficultés économiques indiscutables de l’Iran suite au renforcement de l’embargo ont-elles empêché ce pays de développer l’arme nucléaire, sa puissance militaire, son influence politique ?

Pour ce qui est de la progression vers la bombe les Iraniens semblent avoir beaucoup avancé au point d’être arrivés très près de leur objectif. On estime qu’aujourd’hui l’Iran possède de l’uranium enrichi à 60% alors que l’accord international prévoyait 3,67% pour une utilisation pacifique du nucléaire. D’après les experts, le seuil pour la bombe atomique serait de 90%. Depuis, le retrait américain de l’accord, l’Iran s’est également doté de centrifugeuses plus puissantes. Il est paru évident, que le niveau d’enrichissement d’uranium obtenu par ce pays était bien la preuve des ses objectifs militaires, ce qui était un secret de polichinelle. Certains commentateurs pensent même que la situation est aujourd’hui irréversible.

Malgré les mesures de rétorsion, l’Iran a continué à œuvrer militairement et politiquement dans la région. Il l’a fait en Syrie, en développant ses positions militaires, au Liban, en Irak, et au Yémen par l’intermédiaire de partisans chiites armés par ses soins.

La preuve de la non-soumission de l’Iran malgré l’embargo a été illustrée par un épisode aussi spectaculaire qu’étonnant. Le 14 septembre 2019 une attaque menée simultanément à l’aide de missiles de croisières et de drones a détruit avec une précision surprenante une bonne partie des puits pétroliers de l’Arabie Saoudite.
On a même évalué cette destruction à 50% des capacités du pays, ce qui paraît difficile à croire tant l’enjeu est important. Ces sites pétroliers étaient pourtant protégés par des systèmes de défense anti-aériens américains. Les Houthis, rebelles yéménites chiites soutenus par l’Iran qui sont en guerre avec l’Arabie Saoudite ont immédiatement revendiqué l’attaque.
Les Américains ont, sans hésitation, pointé du doigt les Iraniens. Une attaque aussi sophistiquée n’était pas à la portée de la technologie dont disposent par les Houthis.
Mais le plus surprenant a été la quasi-absence de réaction des Américains, et surtout de l’Arabie Saoudite, pays pourtant non dépourvu d’armements. Il y a fort à parier que ces derniers, craignant un embrasement du Golf Persique ont dissuadé Donald Trump, plus prompt au bluff qu’à l’action militaire, d’agir.

Alors que l’on espérait que les difficultés économiques affaibliraient l’aile dure du régime, ce sont les modérés qui ont été éliminés. Hassan Rohani a cédé sa place à Ebrahim Raïssi beaucoup plus opposé à l’ouverture vers l’Occident à l’image du « guide suprême » Khameini qui a repris les rênes. L’argument des partisans de la ligne la plus conservatrice selon lequel il ne sert à rien de faire des concessions aux occidentaux semble avoir porté. Aujourd’hui un régime encore plus anti occidental et encore moins démocratique est sur place.
Malgré les obstacles indiscutables liés à l’embargo, l’Iran a tenu à l’aide de ses exportations de pétrole à travers un vaste marché gris surtout avec la Chine, mais aussi la Syrie, le Venezuela et probablement d’autres pays.

Il a également a réussi à contourner en partie l’embargo sur les transactions aidé en cela par des intermédiaires basés chez ses voisins régionaux. Il a été appuyé politiquement par la Russie alliée sur le terrain en Syrie malgré une lutte d’influence menée sur place. L’embargo sur les armes destinées à l’Iran décrété par les Nations Unies a pris fin le 18 octobre 2020. La Russie déclare être actuellement en négociation avec Téhéran sur des livraisons de divers armements d’une valeur de 10 milliards de Dollars.
En somme il est difficile d’affirmer que l’annulation de l’accord par Donald Trump a atteint ses objectifs. Sans ce retrait de l’accord l’Iran aurait il arrêté, comme il s’y était engagé, sa progression vers la bombe ? Ou alors aurait-il, à contrario, accru son agressivité politique et militaire dans la région, tout en poursuivant une progression dissimulée vers la bombe grâce à une meilleure santé économique ? Les conservateurs anti-occidentaux en Iran auraient-ils été écartés du pouvoir ? On ne le saura jamais.


L’obtention de la bombe par l’Iran est elle irréversible ? A quoi espère-t-on aboutir avec les pourparlers de Vienne ?

On comprend bien sûr que les Occidentaux, mais aussi les Russes et les Chinois souhaitent aboutir à un accord pouvant stopper la progression de l’Iran vers la bombe. A l’issue des deux premières phases de pourparlers, les Européens ont fait part de leur déception et de leur inquiétude. Les Russes se disent plus optimistes. Les deux côtés ont maintenant des exigences qui vont au delà des conditions de l’accord initial, et qui paraissent difficiles à concilier. Il y a un désaccord sur le séquençage. Téhéran exige que les Américains fassent le premier geste en allégeant les sanctions, alors que Washington souhaite que l’on avance pas à pas, en même temps. Il y a notamment la question des nouvelles centrifugeuses iraniennes et celle des modalités de leur démantèlement qui pose problème. Il faut aussi décider de la façon dont le stock d’Uranium à 60% peut être mis à l’abri en dehors de l’Iran. Téhéran refuse catégoriquement que la question de ses missiles balistiques soit évoquée dans ce cadre. On peut imaginer les difficultés dans un tel contexte où règne la méfiance. Après le retrait de l’accord, l’administration Trump avait pris 1500 nouvelles mesures économiques à l’encontre du pays. Certaines étaient reliées au programme nucléaire, d’autres au « soutien de l’Iran à des actes terroristes et à sa politique agressive dans la région ». Téhéran veut que l’ensemble des mesures soient levées, alors que les Américains ne parlent que de la levée des mesures relatives au nucléaire. La nature des inspections à réaliser par l’IAE pose également problème. Les Occidentaux soupçonnent l’Iran de gagner du temps afin d’achever ses dernières étapes vers l’arme nucléaire.
Mais à quelle distance l’Iran se trouve-t-il de la bombe ? A moins d’un an selon des commentateurs Israéliens. Le Drian, ministre Français des affaires étrangères affirme le 8 janvier que « si l’on n’arrive pas rapidement à un accord, il n’y aura plus rien à négocier ». L’Allemagne et Grande Bretagne disent aussi que l’on est près du point où l’accord sera vidé de sa substance , l’Iran s’approchant du seuil nucléaire avec son Uranium enrichi à 60% très près de seuil des 90 % exigés pour la fabrication d’une arme . Les Occidentaux auraient exigé que l’on arrive à un accord avant la fin du mois de janvier. L’Iran est soupçonné de gagner du temps. S’agit-il d’une partie de poker menteur ?

Et s’il n’y a pas d’accord ? L’enjeu et les risques

Le Pakistan possède l’arme nucléaire depuis 1998. La première explosion souterraine pakistanaise a suivi de quelques mois les essais indiens réalisés, comme par provocation dans le désert du Thar, près de sa frontière. Le Pakistan n’était pas considéré comme un pays sûr par l’Occident mais cela se passait dans le cadre de la confrontation indo-pakistanaise et l’on n’a pas exercé sur ce pays des pressions de la même nature qu’avec l’Iran, ou la Corée du Nord.
Les dangers d’une diffusion de l’arme atomique sont, soit l’utilisation par un gouvernement de cette arme suprême au cours d’une guerre avec des conséquences énormes, soit la mainmise de groupes terroristes sur la bombe. On peut imaginer que certains groupes terroristes n’hésiteraient pas à se servir d’une telle arme possiblement miniaturisée, ou une « bombe sale ». Nous avons pu voir leur degré de violence extrême et leur fanatisation. Etant donné la proximité des services secrets Pakistanais avec certains groupes talibans, et connaissant l’interpénétration des groupes terroristes dans la région pouvons nous écarter à l’avenir totalement ce risque ? Il est difficile d’y répondre. Cela éveille en nous des visions apocalyptiques que l’on préfère écarter de l’esprit.
Pour ce qui est de l’Iran des questions supplémentaires se posent. En effet ce pays est aujourd‘hui le seul au Monde déclarant avoir pour objectif la destruction d’un autre pays. Israël, pays menacé, clame son intention d’intervenir militairement si l’Iran continue à s’approcher de la bombe atomique.
Plus généralement on craint aussi que la possession de l’arme nucléaire par l’Iran n’ouvre la voie à la nucléarisation du Moyen Orient avec encore une fois des risques accrus de voir des groupes terroristes s’emparer de l’arme nucléaire, éventuellement miniaturisée, sans compter la diffusion de la bombe à d’autres pays à travers le Monde en raison de la rupture d’un tabou qui tient encore.


Une intervention militaire israélienne est elle probable en cas d’absence d’accord à Vienne ?

C’est évidemment une des questions essentielles, sinon la principale. Israël a voté un budget de un milliard et demi de dollars devant spécifiquement servir aux préparatifs à une attaque sur les sites nucléaires iraniens, et ses responsables politiques affirment que le pays est déterminé à agir militairement si l’Iran poursuit ses recherches. Mais on entend aussi des positions différentes. Par exemple le chef du Mossad David Branka se dit favorable à une intervention militaire, alors que le chef du renseignement de l’armée Aharon Haliva , bien placé pour évaluer les chances de succès et les conséquences d’une guerre, paraît s’y opposer. Ehud Olmert, ancien premier ministre a écrit qu’Israël n’a pas intérêt à attaquer l’Iran et qu’il ne le fera pas. Benny Gantz ministre actuel de la défense, et Yaïr Lapid, ministre des affaires étrangères qui ne font pas partie des « faucons » se disent partisan d’une intervention militaire si Téhéran parvient au seuil de la bombe. Il sont peut-être dans leurs rôles . Il est difficile de dire si ce sont des intentions réelles où s‘il s’agit de faire pression sur les parties à Vienne. Les Israéliens estiment officiellement qu’il ne peuvent permettre la possession d’armes nucléaires à un pays qui déclare vouloir leur disparition. Sur ce dernier point, capital pour Jérusalem, l’Iran n’a pas amorcé la moindre reculade, bien au contraire.
5.
Si les pourparlers de Vienne aboutissent à un accord, Israël n’attaquera probablement pas l’Iran même si les termes de cet accord ne lui paraissent pas satisfaisants. Le pays ne peut pas prendre le risque d’une réprobation internationale. Il pourrait toutefois se réserver la possibilité d’une attaque en cas de non respect manifeste des termes de l’accord par Téhéran. En cas de désaccord à Vienne il sera important de scruter de près les positions de chacun des participants, en particulier celle des Américains des Européens et des Russes. Une attaque d’Israël ciblant les installations nucléaires paraît tout de même du domaine du possible en fonction de la situation internationale.
Regardons de plus près les éléments qui peuvent nous faciliter un pronostic à ce sujet mais restons modestes en raison de nombreuses informations qui très certainement nous échappent à ce stade.

En faveur de l’hypothèse d’une attaque israélienne:
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- Au cours des dernières années Israël a effectué plusieurs dizaines d’attaques aériennes en Syrie sur des installations militaires ou des troupes Iraniennes et causé de nombreux dégâts et victimes militaires iraniennes sans la moindre réaction armée de Téhéran. Les Syriens ont mis en action leur défenses anti-aériennes apparemment sans grand résultat Sur le territoire Iranien même, Jérusalem a reconnu avoir effectué plusieurs actions militaires ayant eu pour résultat la destruction d’infrastructures nucléaires, et l’élimination de scientifiques travaillant sur la bombe. Ceci, sans compter les attaques informatiques qui auraient également ralenti les travaux. La passivité de l’Iran a été étonnante.
Si il suffisait, pour stopper la bombe, d’effectuer quelques frappes chirurgicales, sans causer énormément de dégâts civils, on peut penser qu’Israël hésiterait moins avant de passer à l’action. Rappelons que l’aviation israélienne a détruit des installations nucléaires en Irak et en Syrie dans le passé.

- L’Etat Hébreu estime avoir très largement la supériorité aérienne et terrestre sur l’Iran. Pour ce qui est de la supériorité aérienne, cela paraît indiscutable. L’aviation militaire Iranienne n’a pas pu être renouvelée depuis très longtemps. Par ailleurs étant donné la distance qui sépare les deux pays, une confrontation terrestre à grande échelle paraît peu probable et il est vraisemblable qu’Israël aurait le dessus dans une guerre terrestre de courte durée à l’extérieur du territoire iranien grâce notamment à sa domination aérienne et une avance militaire technologique incontestable.

- L’opinion publique Israélienne, même si elle doit beaucoup la craindre, est un peu préparée à ce type d’intervention. Elle a une confiance inébranlable en son armée et une bonne partie des leaders politiques déclarent qu’il n’y aura peut-être pas d’autre solution pour empêcher cet ennemi qui veut la destruction du pays, d’avoir l’arme suprême.

- Les Américains, notamment par la voix du secrétaire d’Etat Anthony Blinken ont déclaré étudier « d’autres alternatives » au cas où les négociations n’aboutiraient pas. Il s’agit d’une menace militaire à peine déguisée. On peut penser que ça fait partie du jeu de la négociation. On peut aussi en conclure qu’aux yeux des Etats Unis cette option n’est pas totalement exclue. Il va sans dire qu’en cas de soutien militaire des Etats Unis,
Israël hésiterait beaucoup moins à attaquer.
En défaveur de cette hypothèse:

-Il est tentant de penser que les responsables israéliens n’ont nullement l’intention d’essayer de détruire toutes les infrastructures nucléaires iraniennes malgré leurs menaces. Il peut s’agir d’une manoeuvre d’intimidation pour faire pression directement sur Téhéran ou sur les autres participants, afin qu’ils fassent à leur tour pression sur les Iraniens. La menace militaire fait partie de la guerre. Une bonne partie des israéliens espèrent qu’on en restera là sans aller jusqu’à une guerre qui pourrait être destructrice.

- Malgré la supériorité militaire israélienne, l’Iran possède maintenant toute une batterie de missiles de longue portée capables d’atteindre Israël, et de causer des pertes humaines très importantes dans ce petit pays que la concentration de population rend vulnérable. Les systèmes anti-missiles, mêmes perfectionnés, ont leurs failles, et l’Iran semble avoir fait des progrès indéniables dans la précision . On l’a vu lors des attaques des installations pétrolières saoudiennes. L’Iran pourrait être prêt à des sacrifices importants en termes de pertes humaines. Lors de la guerre avec l’Irak de 1980, à 1988 l’Iran aurait perdu près de 1 million d’hommes. A cela s’ajoute le risque d’une confrontation avec le Hezbollah qui possède également des missiles et un arsenal de roquettes très important fournis par l’Iran. Les missiles balistiques de précision ont peut–être modifié l’équilibre des forces dans la région en rendant les guerres totales entre deux pays qui en sont dotés plus dangereuses . Israël qui accorde de une importance particulière à la préservation de la vie de ses citoyens ne serait pas prête à prendre de tels risques. D’autant plus que l’utilisation d’une bombe atomique en premier par l’Iran semble plus qu’improbable le risque étant démesuré. Rappelons que Téhéran doit possiblement passer par l’étape d’essais nucléaires souterrains avant d’avoir accès à cette arme. Il ne peut le faire en secret, il risque de très fortes réactions, et non seulement d’Israël. (2)


(2) La question d’un essai nucléaire Iranien préalablement à la mise au point définitive de la bombe n’est pas publiquement évoquée. Aujourd’hui la France est passée aux « essais virtuels » qui nécessitent un très haut degré de technologie. L’Iran en a-t-il la capacité ? Est il obligé de procéder à un essai réel, même souterrain ? On peut penser que tel essai susciterait de fortes réactions internationales. Israël pourrait attendre ce moment pour une attaque avec l’appui des pays tiers. Mais il serait peut-être déjà trop tard .


- Il se peut qu’une destruction déterminante des installations nucléaires iraniennes nécessite de gros moyens et des bombardements intensifs qui vont bien au delà de ceux utilisés par l’armée israélienne contre l’Iran à ce jour . Des informations parues dans la presse indiquaient que Téhéran avait profondément enseveli ses installations à Fordow. Israël avait, à cet effet, demandé aux américains de lui fournir des bombes très puissantes à même d’atteindre des cibles ensevelies dans la montagne.
De même, les avions Israéliens, s‘ils décollent du territoire israélien auraient besoin de s’approvisionner en l’air pour faire un aller-retour jusqu’en Iran. Il semblerait que les israéliens auraient demandé des avions citernes géants aux Etats Unis à cet effet, et qu’ils ne les auraient pas encore obtenus. Ce serait un signe à la fois de la réticence des Américains et des difficultés liées à l’opération.
Il va de soi que plus il y aurait des bombardements et des victimes en Iran, plus ils risqueraient de riposter par la voie de missiles expédiés vers les villes Israéliennes.
En effet, les Iraniens semblent dépourvus de moyens de riposte intermédiaires, ce qui expliquerait leur passivité face aux attaques israéliennes à ce jour.

- Les pays de la Péninsule Arabique, alliés actuels d’Israël face à l’Iran risquent de ne pas soutenir une attaque massive contre ce pays craignant des conséquences économiques désastreuses pour leurs exportations pétrolières. C’est ce qui a probablement empêché, comme nous l’avons dit plus haut, les Saoudiens de riposter lors de l’attaque de leurs installations de forage par l’Iran en 2019. Ils peuvent aussi redouter un soulèvement de leurs populations qui dans une guerre entre « Juifs et Musulmans » prendraient ouvertement le parti de l’Iran malgré les oppositions entre leurs gouvernements et celui de Téhéran.
Lors de l’attaque de l’Irak par Bush en 2003, Saddam Hussein avait lancé des roquettes sur des villes israéliennes espérant que l’entrée en guerre d’Israël entrainerait des soulèvements dans des Pays Arabes qui ne s’étaient pas opposés à l’intervention américaine. Les Etats Unis avaient demandé aux israéliens de ne pas répliquer pour éviter ce danger. L’armée israélienne, d’ordinaire prompte à réagir, n’avait pas riposté.

En cas d’échec patent des négociations de Vienne, le climat général, les positions prises par les participants, le niveau d’accroissement des sanctions, les menaces militaires éventuellement adressées à l’Iran par les autres pays, l’avancement du programme nucléaire Iranien seront des facteurs qui seront attentivement suivis par Jérusalem .

Mon pronostic personnel : Si la destruction des installations iraniennes requiert la mobilisation de moyens très importants impliquant des dégâts substantiels en Iran, Israël, pays économiquement prospère, où la vie se poursuit paisiblement malgré quelques escarmouches, ne prendra pas le risque d’une guerre totale avec Téhéran, et encore moins si le soutien militaire des Américains leur fait défaut. Les dangers en cas de guerre de grande envergure, avec ou non la participation d’autres armées sont considérables pour chacun des deux pays et pour la région. Il pourrait aussi y avoir des conséquences à l’échelle du Monde.
Rien n’est impossible mais souhaitons que l’on n’arrive pas à ces extrémités.


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