L’IRAN, SA PRESQUE BOMBE ATOMIQUE ET SES IMPLICATIONS INTERNATIONALES
- ovadiamario
- 16 janv. 2022
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Dernière mise à jour : 17 janv. 2022
Janvier 2022.. L'enjeu des pourparlers en cours à Vienne est important à l'échelle du Moyen Orient, et peut-être celui de la planète. Si l'Iran arrive au seuil de l'arme nucléaire que se passera-t-il ? La question n'est pas anodine. Mais le sujet qui domine l'actualité internationale en ce moment est la crise avec la Russie soupçonnée de vouloir intervenir militairement en Ukraine. Les négociations de Vienne, semblent être un peu reléguées au second plan.
Questions avec ou sans réponse......
A Vienne, des négociations aux enjeux géopolitiques très importants.
Depuis le 29 novembre se déroulent à Vienne ce que l’on qualifie de « négociations de la dernière chance » portant sur le programme nucléaire Iranien. Face à l’Iran, la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Chine, la Russie et les Etats Unis. L’Iran ne voulant pas négocier directement avec ces derniers, les émissaires Américains suivent les négociations à partir d’un autre bâtiment et sont tenus informés par les délégations européennes.
Peu ou pas de progrès ont été obtenus à ce jour. Les négociations ont été interrompues deux fois, le 3 et le 17 décembre, plutôt à l’initiative des Iraniens. Elles ont repris le 27 du même mois.
L’enjeu de ces négociations, la nucléarisation militaire de l’Iran, est très important et comporte des risques considérables à l’échelle du Moyen Orient, voire de la planète.
Nous y reviendrons plus loin, mais à ce stade il n’est pas inutile de faire un retour en arrière.
De nombreux commentateurs le clament haut et fort : L’accord signé entre Barack Obama et l’Iran en 2015 était susceptible d’arrêter la progression de ce pays vers la bombe atomique. Il pouvait aussi favoriser les modérés en Iran ouvrant la voie à un rapprochement avec l’Occident. Pour les optimistes il représentait même un espoir de renversement du régime.
Voilà que Donald Trump a tout gâché en 2018 en dénonçant l’accord. Malgré leurs protestations, les Européens ont suivi, ne voulant pas s’opposer de front aux Etats Unis sur un tel problème d’importance internationale
Quelles ont été les raisons pour lesquelles Donald Trump a dénoncé l’accord ?
On peut en supposer quelques unes :
- Le soutien à Israël menacé régulièrement de destruction par l’Iran.
-La Solidarité des Etats Unis avec les pays sunnites alliés, en particulier ceux de la Péninsule Arabique qui se sentent menacés par l’Iran.
-Le développement en parallèle par l’Iran d’un système de missiles balistiques de longue portée pouvant ultérieurement être dotés de charges nucléaires.
-L’espoir que les difficultés économiques suscitées par les sanctions aboutissent à un changement de régime.
-Des informations provenant des inspecteurs de l’IAE, des Israéliens, et probablement de sources de renseignement américaines selon lesquelles l’Iran dissimulait l’état d’avancement de ses travaux et progressait malgré tout vers la bombe. L’Iran refusait notamment aux inspecteurs l’accès à des sites où des traces radioactives avaient été détectées.
-Le souhait de Donald Trump de s’opposer à un accord signé par Obama avec un pays considéré comme un ennemi irréductible depuis l’occupation de l’ambassade de États Unis à Téhéran en 1979, lors de la révolution khomeiniste. L'objectif étant de paraître ainsi plus combatif que son prédécesseur.
L’accord et les inspections empêchaient-ils vraiment l’Iran d’accéder à la bombe à plus ou moins brève échéance ?
Les inspecteurs de l’IAE avaient-ils toute la liberté de mouvement et tous les moyens nécessaires à leurs inspections avant l’interruption de l’accord ? On peut imaginer qu’un pays de 80 millions d’habitants d’une surface de 2 millions de kilomètres carrés, très fermé vis à vis de l’extérieur, soit difficile à contrôler. Rappelons-nous les difficultés rencontrées par les Américains et les Nations Unies dans leur recherche des « armes de destruction massives » en Irak. C’était pourtant un plus petit pays occupé par les troupes américaines, ce qui facilitait évidemment les choses. On pensera bien sûr qu’il était difficile de trouver des armes qui n’existaient pas.
Il faut certes être spécialiste du sujet pour répondre à la question de l’efficacité des inspecteurs de l’IAE en Iran. Mais on notera que ces derniers s’étaient plaints de ne pas avoir accès à tous les lieux.
On peut se demander si les États Unis de Trump n’ont pas mis fin au traité, en accord avec leurs alliés moyen orientaux, avant tout en considérant que l’accord ne pouvait empêcher les Iraniens d’avoir, in fine, accès à la bombe. (1)
Au fond, pensant que Téhéran finirait de toutes façons par avoir la bombe au bout de quelques années, ils auraient préféré l’option de l’affaiblissement économique du pays pour le réduire politiquement et militairement. L’arrêt de la bombe devenant alors soit impossible, soit un objectif secondaire. Il est vrai que si jamais un jour l’Iran possède la bombe il ne sera pas en mesure de s’en servir contre ses ennemis sous peine de représailles dévastatrices.
Mais cela le ferait peut-être changer de statut. Le régime pourrait être renforcé, et ses « ennemis » du Moyen Orient psychologiquement affaiblis pourraient chercher une nouvelle répartition des alliances.
Si l’Iran s’oppose violemment à Israël c’est aussi pour accroitre son influence dans le Monde Musulman. Avec la bombe il espère ainsi gagner en prestige auprès des populations chiites, mais aussi celles sunnites qui s’opposent aux politiques « pro-israéliennes » ou « pro-occidentales » de leurs gouvernements respectifs
(1) Etant donné les erreurs commises par les Etats Unis dans ces régions par le passé il n’est pas non plus interdit de penser que les conseillers de Donald Trump, comme ceux de Georges Bush auparavant, aient été à l’origine des décisions sans être vraiment en mesure d’en évaluer les conséquences. On prend parfois les dirigeants des Etats Unis pour des Machiavels jouant comme des marionnettistes avec les états du tiers monde faisant tomber les régimes, portant des dirigeants qui leurs sont favorables au pouvoir. Parfois aussi on estime qu’ils sont incapables de comprendre les autres pays dont ils méconnaissent les réalités et plus particulièrement celles du Monde Musulman. Il y a peut-être un peu des deux.
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