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LE NOUVEL ORDRE MONDIAL REBAT LES CARTES DU CONFLIT ISRAELO-IRANIEN

Dernière mise à jour : 8 mai 2023

(Dans l’article paru sur mon blog en janvier 2022 j’avais envisagé la possibilité d’une intervention militaire d’envergure d’Israël contre l’Iran afin de stopper la progression de ce pays vers l’arme nucléaire. Récemment encore le président iranien Raissi à déclaré "à la moindre erreur nous raserons Tel Aviv et Haïfa ". Ou en est-on dans ce conflit ? Une intervention Israélo-Américaine en Iran est-elle envisageable ? Le tableau géopolitique mondial qui s’est profondément modifié depuis la guerre en Ukraine nous conduit à une nouvelle réflexion.)


La perspective d’un accord avec l’Iran sur le contrôle de ses installations nucléaires s’éloigne de plus en plus. Le chef d’état major de l’armée américaine le général Mark Milley a même déclaré que l’Iran pourrait produire aujourd’hui suffisamment de matière fissile pour une arme nucléaire et qu’il ne faudrait ensuite que plusieurs mois pour que Téhéran fabrique une arme nucléaire réelle. Les Etats Unis et Israël affirment toujours leur détermination à empêcher l’Iran, s’il le faut par la force, d’obtenir la bombe opérationnelle. Mais le nouvel ordre mondial qui a émergé avec la guerre en Ukraine semble assurer à l’Iran une meilleure protection.
Une intervention militaire d’envergure contre l’Iran paraît très risquée dans le brouillard du conflit en Ukraine dont on ne connaît pas l’issue. Pour ne pas aggraver le chaos, le président Biden ne soutiendrait très probablement pas Israël dans ce qui serait une aventure extrêmement périlleuse tant que la guerre en Ukraine durera. Il ne faut pas non plus oublier que les deux favoris à la primaire républicaine que sont Donald Trump et le gouverneur de Floride Ron Desantis se sont nettement prononcés pour un désengagement des Etats Unis du Moyen Orient .
D’autres développements substantiels semblent également éloigner la perspective d’une attaque contre l’Iran.
Depuis le renforcement des sanctions occidentales contre la Russie en 2022, les relations militaires et économiques entre Téhéran et Moscou ont connu un saut qualitatif . Sur le plan économique, la guerre d’Ukraine pousse ces deux états « parias » à mettre en commun des systèmes de contournement. La Russie qui tolérait, pour ne pas dire autorisait, les interventions aériennes d’Israël contre les installations militaires iraniennes en Syrie pourrait se montrer beaucoup plus solidaire de l’Iran que par le passé.
De même, la Chine qui n’appliquait pas le boycott à l’égard de l’Iran s’est rapprochée de ce pays. Jusqu’ici, la Chine limitait ses ambitions au Moyen Orient au domaine économique. En parrainant la réconciliation entre Téhéran et Ryad, la Chine montre sa vocation de puissance mondiale et ne resterait pas indifférente devant une attaque menée contre l’Iran sur le territoire iranien.

Dans le jeu de go planétaire qui se joue actuellement, la Russie et la Chine s’efforcent de créer un nouvel équilibre, sinon de nouvelles alliances afin de contrer « l’Occident » et Téhéran paraît beaucoup moins isolé que par le passé.

Par ailleurs, on ne connaît pas encore la portée de l’accord irano- saoudien signé récemment. Ira-t-il au delà de l’échange décidé d’ambassadeurs ? Des négociations entre les ministres des affaires étrangères deux pays ont eues lieu en Chine et cela paraît vraisemblable. Il subsiste de nombreux point de friction entre ces deux pays à commencer par le conflit au Yémen. Mais avec l’éloignement de la menace iranienne, il est probable que les Saoudiens ne seraient pas solidaires d’Israël et des Etats Unis en cas de conflit avec l’Iran, comme ils auraient pu l’être avant cette nouvelle configuration . En tout cas, il ne serait pas question d’une utilisation de son territoire en cas de conflit.
D’autre part, l’Arabie Saoudite prend ses distances avec les Etats Unis et on peut se demander si l’humiliation que Washington a infligée au prince héritier du royaume, Mohammed Ben Salmane en montrant fortement sa réprobation de l’assassinat du journaliste Khassogi à Istanbul n’y est pas pour quelque chose . Il y a également lieu de penser que les Emirats du Golfe qui s’alignent souvent sur les Saoudiens pourraient se rapprocher de Téhéran dans le sillage de Ryad.

Enfin, la situation intérieure en Israël, marquée par une instabilité politique permanente ne met pas ce pays en position de prendre la décision d’attaquer l’Iran sur son territoire . Le nouveau gouvernement de Nethanyahou qui sonne le glas de tout espoir d'aboutir, à terme, à un accord quel qu'il soit avec les Palestiniens, et qui crée une situation explosive en Cisjordanie et à Jérusalem, risque fort de refroidir les signataires de l’Accord d’Abraham à l’égard d’ Israël.

Une attaque israélo – américaine contre l’Iran pour stopper la progression de ce pays vers la bombe paraît donc peu probable dans un avenir proche en raison de tous ces éléments. Mais un nouveau développement dans la région pratiquement passé sous silence dans les media pourrait faire évoluer la nature du conflit entre Israël et l’Iran :

Selon une dépêche de l’agence Reuters du 24 mars, la réouverture prochaine des ambassades entre la Syrie et l’Arabie Saoudite après onze ans d’interruption, était envisagée. Les ministres des affaires étrangères de la Syrie de l'Arabie Saoudite, de l'Égypte, de l'Irak et de la Jordanie se sont retrouvés le premier mai en Jordanie pour renouer des relations rompues depuis 2011.
De nombreux signaux montrent en effet que les pays arabes Sunnites, prenant acte de la résistance de Bashar el Assad au pouvoir, souhaitent renouer avec la Syrie afin de ne pas laisser ce pays à la merci de Téhéran . La proximité culturelle arabe et la langue partagée sont des atouts que l’Iran ne possède pas . Par ailleurs L’Arabie Saoudite notamment, peut aider la Syrie financièrement, ce dont le pays a désespérément besoin .
On peut imaginer différents scénarios dans la région à la suite de ces nouveaux développements. L'Arabie Saoudite et l'Iran qui viennent de rétablir leurs relations diplomatiques se retrouvent maintenant en rivalité en Syrie de la même manière qu'ils le sont depuis des années au Liban. Il en sera de même pour les autres pays Arabes qui sont en train de renouer avec Assad.

Dans la continuité de l'accord irano-saoudien , Iraniens et pays Arabes pourraient trouver un terrain d'entente en Syrie, mais on sait que l'Arabie Saoudite et les pays du Golfe ont soutenu jusqu'ici les oppositions sunnites à Assad en lutte armée avec les proxy d'Iran. Leurs alliés sur place sont en guerre et cela parait compliqué. Tout laisse à penser que les pays arabes sunnites voudront supplanter l'Iran en auprès de Damas.

L'arrivée de l'Arabie Saoudite et des autres pays arabes sunnites pourrait plutôt se faire au détriment de la présence de l’Iran en Syrie dont Bashar el Assad est aujourd'hui militairement moins dépendant que par le passé. Il y a fort a parier que les pays occidentaux encourageraient tout ce qui peut éloigner Damas de Téhéran. Les Iraniens ont combattu pendant des années en soutien des troupes d'Assad , et changer d'alliance ne serait pas chose facile pour le régime Syrien et cela prendrait du temps .
Mais in fine, il se peut qu'Assad trouve un intérêt a privilégier ses liens avec les pays arabes au détriment de l'Iran pour rompre son isolement. Si jamais les choses évoluaient dans ce sens, l’Iran sans une présence significative en Syrie, cesserait d’être perçu comme une menace existentielle par Israël. Les deux pays n’ont pas de frontière commune, et la continuité du croissant chiite terrestre qui va de l’Iran jusqu’aux plateaux du Golan en passant par l’Irak serait rompue. Une guerre terrestre serait donc impossible et une guerre aérienne n’est pas envisageable étant donné l'état déplorable des forces aériennes de l'Iran. Quant au nucléaire, si jamais l’Iran arrivait à posséder la bombe atomique un jour prochain, ce qui n’est pas certain, on imagine mal l’utilisation d’un tel moyen en toutes circonstances, et encore moins en dehors du cadre d’un conflit terrestre « chaud » mené à son paroxysme.
Avec l'éloignement de la perspective d'une guerre il y a peut être un chemin qui peut mener à un apaisement relatif du conflit israélo-iranien qui serait condamné à rester au niveau des joutes verbales. Mais de nombreuses inconnues demeurent à ce stade.
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